La petite histoire rigolote du Bordel du Café des fédérations

26 mai 2025

La petite histoire rigolote du Bordel du Café des fédérations

« Quatre étages de volupté – ou comment la rue Major Martin vibrait plus que la Croix-Rousse »

Cela se passait dans les années 70, à Lyon, bien avant que les hipsters ne transforment les bouchons en bars à tapas et que le mot “authentique” ne soit imprimé sur les nappes à carreaux.

Rue Major Martin, dans le premier arrondissement, entre deux pavés discrets et trois verres de beaujolais, se trouvait une institution pas vraiment inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais chère au cœur de certains messieurs – et parfois même de quelques dames un peu… curieuses.

Juste à côté du célèbre Café des Fédérations, temple des quenelles et du pot de Côtes, se dressait un bâtiment anodin pour les passants… mais bien connu des habitués. Derrière une porte aussi discrète qu’un notaire en goguette se cachait un bordel de quatre étages, rien que ça ! Une véritable tour de Babel des plaisirs – où l’on montait plus vite qu’on ne redescendait.

Au rez-de-chaussée : la réception, tenue par une certaine Ginette, ancienne ouvreuse de cinéma reconvertie dans l’accueil chaleureux, dotée d’une voix à faire rougir une trompette et d’un carnet de rendez-vous plus rempli qu’un agenda de ministre. C’était le standard téléphonique de l’amour tarifé, la SNCF des câlins minutés.

Le premier étage ? Ambiance orientale. On y entrait comme dans un conte des Mille et Une Nuits, sauf qu’au lieu d’un tapis volant, c’était plutôt une moquette râpée et des coussins qui sentaient le patchouli et les secrets d’alcôve.

Au deuxième, place aux clichés parisiens : porte-jarretelles, French cancan en fond sonore, et une demoiselle prénommée Monique (ou Mauricette, selon le jour), qui jurait comme un charretier mais savait vous faire oublier votre fiche de paie en moins de deux.

Le troisième étage ? Plus discret. Spécial abonnés fidèles. On y entrait avec un mot de passe – souvent une blague salace sur la quenelle ou un clin d’œil codé à la charcuterie locale. C’était le « club des initiés », le Saint Graal du gigolo de province.

Et le quatrième ? Ah, le quatrième… Là où l’on disait que des notables, des flics en civil et même quelques curés en pause vocation venaient chercher réconfort et flagellation verbale, le tout sur fond de musique disco et de parfums capiteux qui auraient pu tuer un cheval.

Entre la rue Lanterne et la rue Major Martin, il suffisait d’un pas pour passer de la République à la volupté, des quenelles à l’érotisme. La rumeur dit même que certains clients entraient pour un pot-au-feu et finissaient avec une fessée – “à l’ancienne”, comme on dit chez les bouchons.

Et puis, un jour, tout cela s’est tu. Le rideau est tombé, les rideaux aussi. L’immeuble a été reconverti – en appartements bien sages, avec parquet flottant et détecteurs de fumée. Les souvenirs, eux, flottent encore, comme une odeur d’encaustique mêlée à la nostalgie du plaisir simple.

LYON depuis 1872

Café Des Fédés - Bouchon lyonnais depuis 1872
Café des Fédés - Maître restaurateur à Lyon